La soirée a réunis plusieurs des entrepreneurs emblématiques dont l'ouvrage présente le parcours sous forme d'étude de cas : - Roger Frappier, pionnier du cinéma québécois - Michel Dallaire, designer notamment des célèbres Bixi, - Jacques Matte fondateur de l'ambitieux festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue, - Rhéal Olivier Lanthier et François St-Jacques initiateurs de la galerie commerciale Art Mur, - David Lavoie, défenseur de la relève et ayant contribué à la création du théâtre des Écurie, - Antoine del Busso, éditeur qui a participé à la valorisation du livre québécois. Étaient également présents, Louis Robitaille, directeur artistique de BJM et Pierre Salbaing, petit-fils de Geneviève Salbaing, la co-fondatrice de la compagnie de danse et qui nous a quittée en 2016, mais que les auteurs avaient pu rencontrer afin de documenter la naissance et le développement de l'organisation. Au delà de ces 7 études de cas, l'ouvrage présente deux chapitres synthétisant les enjeux auxquels sont confrontés les entrepreneurs dans ces secteurs particuliers, dont un rédigé par Géraldine Dallaire, fondatrice du Pôle entrepreneuriat culturel et créatif. De gauche à droite : Géraldine Dallaire, Louis Jacques Filion, Roger Frappier, Jacques Matte, Michel Dallaire, Antoine del Busso, David Lavoie.
3 Commentaires
Exercice de curiosité par Xavier Chantepy Je vais vous parler, dans cet exercice de curiosité, d’une des facettes du « coaching ontologique » développé initialement par Fernando Flores, Rafael Echeverria, Julio Ollala et dont j’ai pu approfondir les contours et le cœur dans une session de formation assurée par Aboodi Shabi. La curiosité est d’ailleurs une posture de coach fortement demandée pour les outils de coaching ontologique. La facette du coaching ontologique (C.o) qui m’intéresse aujourd’hui, en lien avec mon travail d’accompagnement d’entrepreneurs concerne le domaine du langage. Le langage se caractérise par les histoires qui viennent de notre culture, de qui nous sommes, les récits, valeurs, croyances, jugements que nous avons sur la vie (et sur nous…). Au sein du C.o il est défini en 5 « actes du discours » : les requêtes, les offres, les promesses, les déclarations et évaluations, les affirmations. Pour travailler avec un entrepreneur (ou seul), il peut être particulièrement utile de proposer des exercices simples sur les « déclarations et évaluations » et sur les « affirmations » :
Les situations sont multiples. De l’entrepreneur qui passe 70h par semaine au travail, de celui ou celle qui refuse obstinément toute évolution de son rapport à l’argent ou à la dette, de la personne qui ne se croit pas capable de … (faire du commercial, susciter l’intérêt des autres, etc…), de celle qui pense que quand on sollicite des gens, forcément on les dérange, etc… etc… Il existe un nombre illimité de situations ou la propre croyance de l'entrepreneur et/ou sa perception de ce qui pourrait se passer va l’empêcher de passer à l’action et de croire en sa capacité de réussir. Une des maximes apportées par le C.o, est que souvent, en tant qu’individu, je suis aveugle à ma propre cécité. Le changement implique forcément de se donner une lecture nouvelle d’une situation, pour prendre conscience d’une nouvelle manière de faire, qui en plus, pourrait nous être accessible ! Mais cela nécessite au préalable le maximum d’authenticité et de vérité sur soi-même et sa façon d’être et de faire. Je vous propose donc deux exercices simples pour avancer déjà sur vos propres prises de conscience. 1) Exercice sur les jugements : Nous avons tous grandi dans un univers dans lequel nous avons constamment reçu des jugements ou des évaluations sur qui nous étions, ce que nous pouvions faire ou ne pas faire, etc… Je vous propose donc de remplir la grille suivante pour vous permettre de découvrir comment vous vous faîtes obstacles à vous-mêmes !
Précisions
2) Exercice sur les messages reçus : Les fonctions du récit culturel dans lequel on a grandi… Quelles sont les conversations linguistiques qui étaient autour de nous pendant notre croissance... (implicite et explicites) ? Quelles sont les messages que nous avons reçus, conservés et qui nous ont façonné ?
Précisions :
Conclusion de cet exercice de curiosité…
Prendre conscience, et ne plus être aveugle à sa propre cécité est une première étape. En tant que coach et accompagnateur, la réalisation de ces exercices avec vos « coachés » vous demandera une bonne dose de curiosité ainsi qu’une bonne dose de vérité sur vous-mêmes en modélisant, à partir de votre vécu, les jugements et messages que vous avez vous-mêmes reçus pour rendre à l’aise votre client pour cet exercice. C’est donc un exercice que je vous invite à faire sur vous-mêmes avant de le proposer ! Merci de votre lecture. Xavier En décembre 2016, le Pôle est parti au Bénin pour donner une formation à des entrepreneurs culturels et créatifs. Le dernier soir, avant de prendre notre avion afin de retourner dans nos foyers respectifs, nous échangeons avec Tiamiou Akponné (l'initiateur de notre venue) autours d’une dernière Béninoise - une des bières locales - et un délicieux poisson frit, sur notre collaboration et ces deux semaines passées ensemble… Tiamiou Akponné, diplômé en Coopération et Gestion culturelle internationales de l’Université de Barcelone (Espagne) et d’un Ph.D en Gestion de l’Environnement, Santé et Développement, place l’entrepreneuriat au cœur de sa vision pour le développement de l’Afrique. C'est pourquoi il a décidé de créer un Institut de formation, l’ISPE-Déclic afin de former les jeunes et les professionnels à l’entrepreneuriat dans différents secteurs d’activités (la culture, l’agriculture et l’environnement). Dans ce cadre, il a fait appel au Pôle Entrepreneuriat Culturel et Créatif en décembre 2016, afin de proposer une offre de formation qui s’appuie sur notre expertise. Olivia Commune, Xavier Chantepy et Géraldine Dallaire ont partagé avec des entrepreneurs culturels et créatifs locaux afin de les soutenir dans la création ou le développement de leur activité. Cela a été également une formidable rencontre avec la culture béninoise… Géraldine : Tiamiou, je sais que ce projet a été un grand défi pour toi à monter ce projet. Peu de gens croyait en l’entrepreneuriat culturel ici et tu n’as pas eu l’ensemble des financements que tu souhaitais. Mais malgré tous ces obstacles, tu tenais à réaliser cette première formation. Pourquoi est-ce que c’était important pour toi? Tiamiou : «Tout d’abord, je voudrais te remercier Géraldine et ton équipe d’avoir accepté de venir pour la première fois en Afrique de l’ouest, à un moment où le climat mondial n’est pas favorable… Ce projet était important pour moi et je tenais à ce qu’il se réalise, malgré les difficultés que j’ai pu rencontrer. Nous autres, africains, nous ne tirons pas assez profit de nos valeurs. La culture reste un moyen de revendication identitaire. Elle a ce rôle. Mais la culture est aussi un produit, une richesse, au même titre que l’agriculture, le pétrole ou les diamants. Aussi, il fallait faire venir des experts pour former, informer et montrer les enjeux de l’entrepreneuriat culturel aux africains. Il était nécessaire de confronter votre expérience à celle de nos entrepreneurs culturels locaux. » Géraldine : Quels sont les défis auxquels les entrepreneurs culturels et créatifs sont confrontés au Bénin? Tiamiou : « Le premier est la question de l’innovation aussi bien dans l’offre culturelle proposée, dans le management, le modèle d’affaires mais également dans la façon de financer ce type de structure. Le second est la question de la commercialisation : les produits culturels sont spécifiques et ils impliquent des modes de commercialisation particuliers. Et pour cela, les entrepreneurs doivent se former. Enfin, ces entrepreneurs sont confrontés aux enjeux de la croissance : comment permettre à ces organisations de perdurer dans le temps et à réaliser leurs ambitions? Géraldine : Ça y est, le voyage s’achève et nous repartons ce soir : que retiens-tu de ces 2 semaines de collaboration? Tiamiou : « Vous venez de réaliser deux semaines au Bénin. Et, vous nous avez acceptés avec notre richesse, nos faiblesses et nos forces. Et nous aussi nous vous avons acceptés avec les votre. Ce qui signifie que l’échange est possible et qu’en réalité il n’y a pas tant de différences entre nos cultures. On peut s’enrichir les uns des autres. Votre venue n’était pas utile que pour mon organisation, mais aussi pour tout le Bénin. Vous venez d’ouvrir un vaste chantier. Et, je souhaite que ce chantier prospère et se développe. Mais je suis convaincu, que dans quelques années, vous allez vous rendre compte que l’entrepreneuriat culturel dans notre pays, aura fait son petit bonhomme de chemin. »
Créé il y a 9 ans, son fondateur a porté et fait vivre ce projet à bout de bras. Il n'en revient pas lui-même d'avoir réussi cet exploit : « c'est un miracle et une fidélité à un rêve ». Tout n'a pas toujours été rose... et parfois il a perdu la foi : il a failli accepter de vendre à deux reprises. Mais à chaque fois, il s'est ressaisi : « Être entrepreneur, c'est avoir une vision. Et, c'est être capable de pleurer seul dans sa chambre, mais de sortir et de sourire devant tout le monde. ». Quand il observe la situation dans son pays, il constate le besoin de plus de formation et d'une politique pour faciliter le développement des entrepreneurs. Car comme nombre de ses homologues, il est devenu chef d'entreprise de manière autodidacte et mu par sa seule ambition : « On parle de géant dans le pétrole, dans l'agro-alimentaire, la pharmacie... mais je n'ai jamais entendu parler de géant dans la culture : je veux être le premier géant de l'industrie culturelle en Afrique. ». Il sait que ce rêve est un peu fou... Mais c'est lui qui l'a fait tenir jusqu'à aujourd'hui. Car de la force de caractère, il lui en a fallu. A 13 ans, Emmanuel quitte sa famille et rejoint les enfants de la rue à Cotonou. Il aurait pu mal tourner, comme bon nombre de ses confères de l'époque. Mais il s'en sort, notamment grâce à l'art. Il a tout d'abord fait de nombreux petits métiers : il a tout vendu dans les rues de Cotonou. Il apprend ensuite le travail d'électricien mais il change rapidement de voie : il commence à jouer dans une troupe de théâtre. Cet art le passionne et lui permet de faire de belles rencontres. Notamment, sa route croise celle d'un artiste plasticien Laudamus Sègbo. Il a un atelier et qui prend Emmanuel sous son aile : il lui apprend comment fonctionne l'administration d'une organisation culturelle. Emmanuel, curieux et touche à tout, se lance aussi dans la réalisation de films et clips. En 2006, alors qu'il travaille en tant que directeur artistique pour les talentueux Frères Guèdèhounguè et qu'il sillonne avec eux les routes du Bénin, il prend conscience de la richesse de la culture béninoise mais du peu de visibilité dont elle bénéficie. Il a alors l'idée d'une plateforme sur Internet qui permettrait la promotion des artistes locaux. C'est aussi une façon pour Emmanuel « d'archiver » le contenu culturel : le papier se jette alors qu'avec un site Internet, il peut constituer une base de données des talents béninois et africains. Mais, la tâche est ardue : s'il commence à avoir un bon réseau dans le secteur culturel, il n'y connait rien en informatique et avoir un accès à Internet au Bénin peut constituer un vrai défis ! Il parle de son projet à un de ses amis qui est professeur d'informatique à l'Université. Quand Emmanuel explique son ambition à Jules Batonon, il sourit « Tu portes toujours des choses qui te dépassent! ». Mais il le soutient, et il crée gratuitement pour notre jeune entrepreneur de 22 ans la première version de Dekartcom.net. Pour financer le contenu du site Internet, Emmanuel développe ses activités en proposant des prestations de photographe et en créant en 2007 une agence de communication. Rapidement le site s'internationalise et l'agence DEKart couvre l'actualité culturelle de plusieurs pays africains : au Mali, Cameroun, Burkina Fasso... Puis, avec DEKart expo, l'agence met en avant dans les grands hôtels de Cotonou, des artistes locaux et prolonge dans « le réel » son objectif de donner de la visibilité au marché de l'art béninois. En 2013, il trouve un allier qui va l'aider à donner de l'ampleur à ses ambitions : Esckil Agbo, jeune journaliste et qui décide de renoncer à un emploi dans une grosse plateforme Internet avec un bon salaire, pour suivre Emmanuel dans ses aventures. Galvanisé et touché par cette preuve de confiance, le fondateur se lance de nouveaux défis. Il convainc la fondatrice d'Afropolitan Nomad Festival, Vanessa Kanga de réaliser la prochaine édition du festival à Cotonou. Cette organisation a été créée à Montréal en 2010 avec pour ambition de développer le rapprochement interculturel en amenant les artistes du monde entiers - et notamment québécois - dans les pays d'Afrique. Aussi, après Douala au Cameroun, Libreville au Gabon, il se déroule en aout 2016 à Cotonou sur la thématique de l'art engagé. Malgré de grandes difficultés financières, et en s'appuyant sur son large réseau l'Agence DEKart réussit à réaliser le festival avec un budget réduit, et à permettre la rencontre d'artistes québécois, belges, français, camerounais, maliens et béninois. En 2017, l'équipe va célébrer les 10 ans du site Internet et Emmanuel veut fêter cela : « Ne me demandez pas comment on va y arriver financièrement, mais cela se fera! On y arrive toujours... ». Quel message il a envie de faire passer aux entrepreneurs culturels au Québec ou en France ? « Venez à la rencontre de la culture béninoise. Venez nous dire comment vous réussissez et échanger avec nous sur comment nous nous en sortons. Nous avons besoin de partager nos pratiques, de créer une synergie. L'Afrique est le continuent actuellement à ne pas manquer ! Et, il est important que nous allions à l'école des uns et des autres. » Par Géraldine Dallaire
Ce mois-ci j'aimerais parler d'effectuation. Ce concept a émergé en 2001 dans les milieux universitaires, avec la thèse de doctorat de Sara Sarasvathy, mais commence depuis quelques années à devenir populaire auprès des praticiens. L'objectif de Sara Sarasvathy lorsqu'elle a commencé ses recherches : comprendre comment les entrepreneurs agissent vraiment. Après de nombreuses observations et rencontres, elle s'aperçoit que nous sommes victimes de nombreux mythes. Généralement, nous imaginons que les entrepreneurs aiment le risque, qu'ils sont des super-héros qui entreprennent seuls (mythe du "self-made man"), avec pour super-pouvoirs la capacité à prévoir et à avoir des idées géniales (ou visionnaires) sur lesquelles ils se sont appuyés pour démarrer leur activité... Cette chercheure démontre alors que rien de tout cela n'est vrai! En réalité, les entrepreneurs s'appuient sur qui ils sont et les ressources qu'ils ont à disposition. Ils n'ont pas de grande idée et souvent leur idée de départ évolue radicalement en court de route... Il ne font pas de véritable étude de marché au sens traditionnel du terme ni de plan d'affaires, mais voient en fonction des retours qu'ils ont et inventent des solutions en cours de route. Avec cette approche, on change radicalement la façon dont on va aborder le démarrage de son activité : on s'appuie sur soi et on va favoriser les mécanismes pour être réactif à son environnement. C'est aussi une ressource intéressante pour repenser son marketing en phase de création. Le sujet vous intéresse ? Voici les ressources que j'ai identifiées sur le sujet : Le blog de Philippe Silberzhan ainsi que son livre : Effectuation, les principes de l'entrepreneuriat pour tous (2014). En anglais vous avez bien entendu le livre de Sara Sarasvathy, Effectuation, Elements of Entrepreneurial Expertise (2008). Ainsi que le TedX de Sara Sarasvathy Et sur le marketing effectual : Entrepreneurial Marketing, an effectual approach de Edwin J. Nijssen Bonne découverte! |
Pôle entrepreneuriat culturel et créatifNous partageons avec vous nos découvertes et les infos utiles pour vous aider dans vos projets. Archives
Septembre 2017
Catégories
Tout
|